Chemin de l’expression personnelle


Il y a un an, j’exposais un schéma sommaire de mon processus créatif. Je m’interrogeais sur la logique régissant mes créations. Aujourd’hui, ma conception a évolué. Alors que mon parcours personnel venait apporter une radicalité nécessaire à mes choix, à présent, une stabilité retrouvée me permets de considérer les choses avec plus de nuances.

Un art moral, pas moralisateur

Dans ma première approche, très simplifiée, le questionnement porte en fait sur ce qu’il est bon de créer ou préférable d’éviter. C’était là ma porte d’entrée pour prendre le virage à 180° résultant de ma conversion.

Je ne pouvais plus exploiter de façon aussi primitive mes sens, mes impressions et désirs charnels, ayant trouvé plus grand désir et plus grand plaisir encore à les dominer.

Je ne pouvais garder pour mes œuvres le même centre de gravité, puisque ni mes pensées, ni mon être ne gravitaient autour des mêmes choses.

Enfin, je ne pouvais accepter d’exprimer sans aucune retenue les émotions et expériences qui se jouaient dans mon quotidien, ayant pris conscience qu’un écho est déjà une amplification effective dans le réel, que la création n’est pas que pour soi, et que la Créature que je suis s’épanouit lorsqu’elle est pour les autres…

Ce changement de perspective est une transition importante, mais ce n’est pas là tout ce qui se jouait.

Introspection sans narcissisme

Je ne peux parler de mon travail créatif sans tenir compte de ce qui façonne ma vie. Les expériences demeurent l’influence première de la création, c’est du moins quelque chose que je constate chez moi, et il semble qu’un artiste passionné y met toujours de son âme.

Ayant un désir de Dieu et l’esprit curieux, ma recherche spirituelle a inévitablement transformé mon âme. D’ailleurs, l’âme n’est-elle pas une transformation en soi ? Il y a donc toujours dans ce qui vit une réflexion et une redéfinition des contours, ce qui est une source de profond renouvellement pour tout travail créatif authentique.

Mais alors, quelle place l’âme prend-elle? Se limite-t-elle à un style, un choix de sujets? Alors je deviendrai « celui qui peint ce sujet » ou encore « celui qui peint avec cette technique », ce qui est une approche non seulement figée et donc morte, mais aussi trop générique pour s’y attacher. C’est donc bien autre chose qui distingue la personnalité de l’artiste. Par quelle voie son âme s’exprime-t-elle?

Dessiner comme la rivière

Si je me pose ces questions aujourd’hui, c’est qu’elles s’inscrivent dans un dessein plus grand de recherche d’unité. Comme je n’ai pas l’intention d’avoir l’esprit tourmenté, je n’ai pas non plus l’intention d’être un « artiste torturé » entre la survie de son ego et de son travail. Au contraire, le rapport que j’ai avec mon travail ne peut être qu’une harmonie plus large entre qui je suis et ce que je fais, entre ce que je désire et ce dont j’ai besoin.

C’est donc naturellement qu’en me construisant en tant que personne, mon identité créatrice se construise aussi, avec ses différentes facettes. C’est naturellement aussi que ces deux constructions suivent comme une même méthode, expérimentale, contemplative, méditative et audacieuse.

La rivière se dessine petit à petit, optimisant son chemin hasardeux qui était pourtant comme toujours là, fait pour elle. Parce qu’il est fait par elle, parce qu’elle l’a trouvé, parce qu’il est le sien, son chemin est parfait. Et parce qu’il est parfait, son chemin devient celui qui la dessinera en vérité à la perfection.

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